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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 23:11

Express---Une-Pupponi.jpgL’Express N° 3097 semaine du 10 au 16 novembre 2010

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pupponi-ou-l-homme-qui-embarrasse-dsk_935742.html

 

En rejoignant le FMI, Dominique Strauss-Kahn a laissé les clefs de son fief à l’un de ses fidèles. Mais la manière dont ce dernier gère Sarcelles provoque des remous.

Quand Dominique Strauss-Kahn a été nommé au Fonds monétaire international (FMI), c’est à Sarcelles (Val d’Oise) qu’il a tenu à organiser son pot d’adieu, en octobre 2007. Il y avait ce soir-là, dans la salle Malraux, tous les camarades qui l’ont aidé à s’implanter dans cette ville-dortoir de la banlieue parisienne à la fin des années 1980. « Je m’éloigne juste un peu, le temps de me faire désirer », leur lançait-il en souriant. Juste un peu ? Installé à Washington, le directeur général du FMI n’a plus remis les pieds dans le Val-d’Oise, sauf à de rares occasions. En 2007, il a légué les clefs de son fief à son lieutenant François Pupponi : cet homme de terrain d’origine corse et connu pour son franc-parler lui a succédé à l’Assemblée nationale. Il l’avait déjà remplacé à la mairie, en 1997.

Mais depuis quelques semaines, Dominique Strauss-Kahn porte une attention toute particulière à la gestion de son successeur«  Dominique répond immédiatement quand vous lui envoyez un e-mail concernant un problème à Sarcelles », note un ancien élu.

602810_mohammed-abdi-nathalie-appere-and-francois-pupponi-l.jpg« Menaces, intimidations…

Un climat de suspicion règne sur la ville »

Surtout des émissaires se succèdent pour le tenir informé. En juillet dernier Jacques Langlade, directeur du cabinet du président de la communauté d’agglomération Val de France, dont fait partie Sarcelles, a déjeuné avec lui à Washington. A son retour, ce collaborateur de toujours de DSK confiait à un proche : « Dominique est au courant de tout ce qui se passe ici ». En septembre, c’était au tour de l’ancien attaché parlementaire de DSK, Pierre Bouchacour, aujourd’hui élu à Cergy, dans le Val d’Oise, de faire le voyage.

Si le favori des sondages décide de briguer l’investiture socialiste à la présidentielle, son retour en France passera, à coup sûr, par la case Sarcelles. Une étape indispensable pour contrebalancer son image de patron du FMI. Mais une étape à risques : il règne aujourd’hui sur la ville dont il fut le premier magistrat un climat de suspicions en tout genre. Sous le couvert d’un strict anonymat, des élus et des collaborateurs, souvent en conflit avec le maire, évoquent des menaces, des tentatives d’intimidation. De son côté, le maire a retrouvé son propre véhicule mystérieusement incendié en pleine journée. Les traces de suie balafrent toujours le bitume devant la gare RER. Une ambiance encore alourdie par des lettres anonymes qui circulent dans la ville.

C’est une dénonciation de ce type qui a amené le parquet de Pontoise à ouvrir une enquête préliminaire, en 2008. Un corbeau révélait des dysfonctionnements dans la gestion de la société d’économie mixte (SEM) Sarcelles chaleur, chargée du chauffage de 40 000 habitants. Il ajoutait à sa  missive des copies de factures réglées avec la carte bleue de la SEM, au nom de François Pupponi qui préside l’organisme. Une bouteille de champagne (160 euros) dans une discothèque, des repas dans des restaurants huppés, comme la Closerie des Lilas, ou l’Aventure, près de l’Etoile, à Paris. Des nuitées dans de grands hôtels. Des verres entre amis, le soir du congrès du PS, au Mans en 2008. « Toutes mes dépenses ont été réalisées dans l’intérêt de l’entreprise », jure, excédé, Pupponi, qui ne conteste pas ces notes de frais révélées par le magazine Marianne. Pour se justifier, le maire rappelle qu’à l’époque il négociait la privatisation du réseau de chauffage avec Dalkia, une filiale de Veolia. « Quand vous bossez cinq nuits d’affilée, est-il inacceptable de payer du champagne ? Est-ce que la loi interdit d’aller au Café de Flore ? » Fonctionnaire des impôts de profession, François Pupponi n’en revient pas qu’on lui cherche des noises. « Pendant dix ans, j’ai mené des contrôles fiscaux. Il faudrait vraiment que je sois c…pour faire des dépenses personnelles avec la carte bleue de la SEM. » Selon lui, ces fuites viennent de ses opposants. En conseil municipal, le 21 janvier dernier il les prévenait : « Ce sont peut-être mes origines qui veulent cela : je suis rancunier et la vengeance viendra un jour, je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais je pense que certains vont manger cher. »

602653_francois-pupponi-and-claude-dilain-speak-to-the-medi.jpgUn militant resté deux ans

sans carte d’adhérent

Au moment où ce scandale a éclaté, le directeur administratif de la SEM, Marin Roman, s’est fait virer. Non sans toucher de la part de son employeur un chèque conséquent de 122 000 euros, selon un document que l’Express a pu consulter. Pas mal pour un salarié qui n’a travaillé que deux ans dans l’entreprise – à un salaire de 3 000 euros mensuels !

A la mairie de Sarcelles, non plus, rien ne va. La CGT dénonce un climat « délétère ». Les collaborateurs du cabinet désertent ou sont licenciés- ce fut le cas du conseiller régional PS Ali Soumaré. En septembre, une perquisition a eu lieu au service municipal du logement. Une employée soupçonnée de corruption aurait distribué des appartements contre des pots-de-vin de 1 500 euros. Elle a été immédiatement suspendue par la mairie.

Quelques jours plus tôt, le site Bakchich révélait que les comptes du club de football (AASS Football), principale association de la ville en nombre d’adhérents, affichaient une ardoise de 130 000. Et que des retraits très importants en liquide avaient été effectués. L’association présidée jusqu’en 2008 par Youri Mazou(1), maire adjoint et protégé de Pupponi, recevait chaque année des subventions municipales sans jamais délivrer ni bilan ni comptes en contrepartie. « La mairie n’a rien à voir avec ce problème, ni directement ni indirectement », balaie le maire.

Dominique Strauss-Kahn n’est pas au bout de ses peines. Son successeur est aussi un militant en délicatesse avec la discipline de parti. Il est resté deux ans sans carte d’adhérent, parce qu’il refusait de payer sa cotisation. Par ailleurs, il n’a pas reversé la part des indemnités qu’il doit à la fédération du Val d’Oise, comme tout élu socialiste du département. En juin 2007, il devait 21 800 euros. Sa dette vient d’être ramenée à 8 600 euros à la suite d’un accord. « Après un conflit avec la fédération, j’ai repris en août le versement de mes cotisations d’élu et je suis en train de régulariser le passé récent », explique Pupponi. Pour ne rien arranger, l’héritier sarcellois de DSK s’est fait remarquer au congrès de Reims de 2008 en refusant de voter pour la motion portée par Martine Aubry, pourtant soutenue par …le patron du FMI . La première secrétaire du PS n’est pas près de l’oublier. «  Moi c’est Strauss-Kahn ou rien, justifie Pupponi. Travailler pour Aubry, alors que je suis fidèle à Dominique, je ne sais pas faire. Désolé. » « Pupponi est un intégrisme du strauss-kahnisme, comme moi du sarkozysme » résume Pierre Charon, conseiller à l’Elysée. Les deux hommes se connaissent bien : ils se rencontrent fréquemment au Café de Flore ; lors d’un séjour en Corse, Pupponi a invité le proche du président dans sa maison familiale.

La direction du PS reste vigilante

Toujours prompt à afficher son allégeance envers son mentor, le député de Sarcelles a embauché l’ancien chauffeur de DSK, qu’il met à disposition du patron du FMI quand celui-ci est en visite –privée ou publique- à Paris. Plus visible : il voulait baptiser « Dominique Strauss-Kahn » un immeuble pharaonique, dans tous les sens du terme, du quartier des Sablons, à Sarcelles. Le bâtiment, entièrement reconstruit dans le cadre du plan de rénovation urbaine, est ornée de 40 statues de Toutankhamon de 3 mètres sur 2, qui encadrent les halls aux portes grillagées bleues et soutiennent des balcons blancs. L’initiative n’a pas eu de suite. « Le FMI n’a pas donné son accord », assure Pupponi. L’immeuble a finalement reçu le nom d’un autre Strauss, celui de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss.

Il n’y a pas qu’à Washington qu’on surveille Sarcelles de près. Récemment, des militants de la section locale ont été convoqués au siège du PS, rue de Solferino. Ils ont tout de suite compris que le sujet inquiétait la direction nationale, qui craint, si DSK était candidat, la mauvaise publicité d’un tel dossier à l’approche de la présidentielle.

Marcelo Wesfreid

(1) Contacté par l’Express, il n’a pas répondu à notre demande d’entretien

L’Express N° 3097 semaine du 10 au 16 novembre 2010

Au royaume des communautés

Le député maire de Sarcelles leur fait les yeux doux. Il les subventionne, les écoute, voire les intègre à sa majorité.

François Pupponi le sait. Son discours sur la mixité sociale est loin de faire l’unanimité. Surtout à gauche. Mais le maire d’une ville qui compte 20 % d’étrangers, ou les communautés vivent de plus en plus dans des quartiers distincts, ne croit plus aux slogans de son camp. Casser les ghettos pour les remplacer par des cités aux populations plus mélangées ? Impossible. Il est trop tard.  « La France se communautarise, qu’on le veuille ou non », explique l’élu, en marge d’un rassemblement de 2 000 pakistanais organisé dans sa ville, le 21 octobre, pour recueillir des dons en faveur des sinistrés des inondations qui ont dévasté leur pays cet été.

Pour Pupponi, la laïcité version IIIe République a vécu : « Créons une communauté nationale à partir des communautés d’origine, plaide-t-il dans son livre, La France d’en dessous. Banlieues : chronique d’un aveuglement, paru en 2006 (éd. Privé). Ce qui arrive aujourd’hui dans ces zones de ghettos arrivera demain dans la France entière. » A Sarcelles, il chouchoute les responsables communautaires. Ses détracteurs dénoncent une politique d’attribution de subvention « clientéliste » et « communautariste »Deux associations assyro-chaldéennes (chrétiens d’Orient) ont ainsi reçu 150 000 euros chacune pour construire un centre social. «  La République est là pour respecter les différences, estime le conseiller municipal d’opposition (MRC) Rachid Adda. Pas pour les exalter. »

En 2005, Pupponi avait provoqué un tollé en réservant un créneau horaire de la piscine municipale, le dimanche matin, à une association de juifs loubavitch, très religieux, qui refusaient qu’hommes et femmes se baignent en même temps. « Si c’était à refaire, je le referais, assure-t-il. Il ne faut ostraciser personne. » A commencer par la communauté juive, l’une des plus importantes à Sarcelles. En 2008, le maire a admis dans sa majorité la Liste bleue, des ultra-orthodoxes. Une liste que Dominique Strauss-Kahn, en 2001, qualifiait pourtant, publiquement, de « honte pour la République ». A l’époque, la liste  affirmait dans sa profession de foi : « La communauté juive de Sarcelles ne sera effectivement défendue que par ses membres. » Aujourd’hui dans l’équipe de Pupponi, ses élus –l’un d’eux arbore une kippa quand il siège en conseil municipal- s’occupent d’action sociale, de logement et de développement économique via la communauté d’agglomération de Val de France. Des postes clefs.  

M.W  

   L’Express N° 3097 semaine du 10 au 16 novembre 2010

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